Nom : Bethan Parkes
Où travaillez-vous / vivez-vous : Je travaille et vis à Glasgow.
Site personnel : https://bethankellough.com
Transformations préférées
– Filter
– ADSR (Attack, Decay, Sustain, Release)
– Panning
– Reverb
Pourquoi ces transformations sont-elles vos préférées?
Je m’intéresse aux processus via lesquels les sons peuvent procurer une sensation d’espace, et ces manipulations contribuent toutes au fait d’influer sur la façon dont l’auditeur perçoit l’espace dans lequel le son apparaît.
1. Comment décririez-vous le genre de musique que vous faites?
Je créé surtout de la musique acousmatique, des compositions en son ambiophonique et des installations sonores, à base d’enregistrements de terrain et de sons électroniques.
2. Si vous deviez utiliser les catégories classiques pour décrire votre musique, les quelles est-ce que ce serait?
Le Soundscape, l’Electronic MusicSonic Art/ Sound Art.
3. Quels types de sons aimez-vous utiliser quand vous composez?
J’aime collecter des sons en me rendant sur des lieux intéressants, et en captant des enregistrements de terrain variés avec différents types de microphones. J’aime les environnements bruiteux qui se composent de différentes strates de sons. Les sons que je préfère sont souvent les sons imprévus qui interrompent une session d’enregistrement ou me surprennent, et que je ne m’attendais pas à entendre dans ce lieu. J’aime aussi enregistrer des textures sonores tendues et denses, en particulier le temps – pluie, vent, tempêtes ! J’aime écouter les changements fins dans les sons, que je peux utiliser ou mettre en avant dans la composition.
4. Pourquoi ces sons sont-ils vos favoris?
Les événements imprévus pendant l’enregistrement sont toujours intéressants, et parfois, quand j’écoute les enregistrements au casque, je suis incapable de savoir d’où les sons ont pu venir, ce qui peut être assez perturbant. Même si les interruptions peuvent être frustrantes, je crois que les voir de façon positive, comme des composants riches, peut bien fonctionner quand on compose !
Les environments bruiteux, qui peuvent comprendre des sons naturels et / ou créés par l’Homme, forment des textures sonores intéressantes, où de nombreux sons se chevauchent ou s’interrompent. Comme ces paysages sonores sont vivants et complexes en eux-mêmes, leur enregistrement me fournit de nombreux éléments pour créer différents sons avec assez peu de matériaux sonores enregistrés, et un processus subtil.
J’ai toujours aimé écouter le temps, et je crois que beaucoup de gens aiment ça ! Enregistrer le son du temps qu’il fait et l’utiliser dans mes compositions est vraiment agréable, et c’est parfois un vrai défi, parce que je n’enregistre pas de temps terribles en m’y rendant directement ! Les sons des éléments interagissant avec les immeubles, différentes surfaces, des arbres, etc. sont tellement diversifiés quand on commence à les écouter, qu’ils peuvent inspirer de nombreuses idées pour des compositions futures.
5. Comment commences-tu une composition ou trouves-tu des idées pour tes compositions? Est-ce que tu emploies la même technique à chaque fois, ou est-ce que ça change régulièrement?
Je commence généralement avec une session d’enregistrement pour récolter des matériaux sonores avec lesquels commencer à travailler. Ce sera parfois un lieu spécifique, ou une intention de collecter des sons particuliers avec lesquels je souhaite travailler, et pour d’autres, je commencerai sans idée préconçue et je laisserai l’enregistrement que j’obtiendrai me guider. Il y a toujours des surprises quand je sors enregistrer et ce sont souvent elles qui m’indiquent une direction. J’aime prendre différents types de microphones avec moi et collecter de nombreuses perspectives différentes de l’environnement sonore dans lequel je me rends – je prends par exemple des microphones contact que j’attache aux surfaces des objets, des microphones miniatures qui peuvent se placer dans des espaces étroits, et un microphone ambiophonique qui enregistre le paysage sonore dans son entièreté. J’aime écouter la variété des sons qu’on peut obtenir avec différents microphones et techniques de microphones, et je commence souvent mes pièces en superposant différents enregistrements d’un même lieu ensemble, en particulier pour obtenir des interactions entre les sons proches et lointains.
6. Quels compositeurs/musiciens t’inspirent?
Jacaszek, Ben Frost, Tim Hecker, Jana Winderen, Francisco Lopez, Gilles Gobeil, Alva Noto, Burial, Ametsub, Mika Vainio, Janek Schaefer.
7. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ces musiques (dans les tiennes ou celles qui te plaisent)?
J’aime le fait que tous ces artistes (et d’autres qui créent une musique semblable) créent des mondes sonores extrêmement immersifs, quand vous les écoutez. Le son peut être tellement puissant, émouvant et captivant, et je pense que la musique de ces artistes explore vraiment tout cela.
8. Pouvez-vous choisir un court passage d’une de vos pièces et expliquer comment vous l’avez créé?
Ceci est un extrait de ma pièce « CloudLines » que j’ai composée en 2013. Elle met en contraste des sons délicats et calmes avec des sons puissants, intrusifs et perturbants. J’ai enregistré de nombreux sons pour cette pièce, à la fois en extérieur et en studio. Au début de cet extrait j’ai superposé différents enregistrements – de la pluie sur une fenêtre, des feuilles bruissant dans la brise, des coups métalliques et même des sons de popcorn dans un bol en métal. J’ai équilibré les sons de façon à remplir l’espace et j’ai ajouté de la réverbération sur l’enregistrement de la pluie pour donner l’impression qu’elle est à l’arrière-plan, ce qui créé de la profondeur dans l’espace sonore. Tous ces petits détails des sons s’additionnent pour créer en fait beaucoup de bruit – craquements, tintements, coups et bruissements – mais c’est globalement un monde sonore doux et calme. Le son qui interrompt tout ça est un son d’interférence électronique enregistré avec un appareil appelé « capteur de bobine à induction », qui capte l’activité électromagnétique des dispositifs électroniques comme les ordinateurs, téléphones portables, etc. Dans la section qui suit, J’ai utilisé des sons plus puissants, distordus, compressés et granulés avec les sons plus subtils craquants, pour créer un contraste et explorer la gamme complète allant des sons très doux à vraiment puissant, que j’aime le plus utiliser quand je crée de la musique. Il y a un son important, formé de toute pièce, à la fin de cet extrait, qui inclue des enregistrements de tempêtes venteuses, de circulation enregistrée dans un tunnel, d’un agent de nettoyage, d’autres sons d’interférences électroniques, et enfin de microphones contact frottés sur des surfaces rugueuses. Ces sons sont filtrés pour obtenir le son exact que je veux, pour pouvoir ensuite les superposer sans que l’environnement ne devienne trop encombré ! Je voulais créer un contraste vraiment fort à la fin de ce son, quand le bruit se stoppe tout d’un coup et révèle le bruissement doux, le tintement et les sons craquants, à nouveau. J’ai créé ce contraste en coupant tous les sons forts exactement au même moment – comme si quelqu’un avait éteint soudainement – ce qui laisse l’auditeur avec le son doux interrompu plus tôt.
9. Qu’essayez-vous de transmettre à l’auditeur dans cet extrait?
Quand je composais cette pièce je réfléchissais au fait que les environnements sonores forts et bruyants peuvent masquer les autres sons plus faibles et doux. Nous vivons dans des environnements parfois très bruyants, et parfois très calmes, et nous oublions souvent les sons plus doux, qui valent pourtant le coup d’être écoutés ! Je pensais aussi au fait que ces sons forts et bruyants peuvent être perturbants, mais aussi très intéressants et excitants.
10. Si vous deviez donner des conseils généraux à quelqu’un qui commence à composer une pièce, quels seraient-ils? Quelle est la chose la plus importante à garder à l’esprit pour composer?
Je pense qu’il est important de commencer avec de bons enregistrements, donc je trouve utile de former une librairie de sons avant de commencer une pièce. Chacun aura une façon différente de commencer une pièce, mais le fait d’avoir des enregistrements qu’on peut écouter et diffuser est une très bonne façon d’expérimenter, particulièrement quand on commence une pièce.
Je pense aussi que la part la plus importante de la composition est celle de l’écoute. Le développement de votre capacité d’écoute vous aidera vraiment dans la composition, donc essayez de tout écouter – pas juste la musique, mais les sons quotidiens, et la façon qu’ont les différents espaces sonores de sonner. Pensez à la façon qu’ont les différents sons d’apparaître en même temps et essayez de créer des combinaisons diversifiées; pensez à comment ces sons vous font vous sentir; ce qu’ils signifient pour vous; et demandez-vous à quoi le son ressemble, sans penser à ce qui est à sa source. Toutes ces idées peuvent vous aider à décider de quoi faire avec les sons que vous avez enregistrés, et à structurer votre composition.